Il y a presque un siècle, en
ces lieux, un volcan de fer, de boue et de feu a détruit la vie, la jeunesse,
les espoirs de milliers de jeunes soldats.
La terre, bouleversée, déchirée, par le déluge d’artillerie ou l’ignoble guerre des mines, a englouti leurs corps, mêlant le sang de tous ces belligérants, dans une fraternité de désastre.
La terre, bouleversée, déchirée, par le déluge d’artillerie ou l’ignoble guerre des mines, a englouti leurs corps, mêlant le sang de tous ces belligérants, dans une fraternité de désastre.
Si le temps a passé, si la
nature a repris ses droits, ramenant ici plantes et bêtes, les parents et
descendants des poilus de 14 n’ont pas oublié les morts, la souffrance, et les
larmes versées, considérant comme sacré ce site de bataille.
Eux, n’ont rien oublié, ni
le fracas des armes, ni la plainte des blessés, ni l’image des disparus.
D’autres, hélas, n’ont eu
que faire du souvenir du passé, ni de l’avenir de nos enfants.
Aujourd’hui, sur ces terres remises
en culture, sur ces coteaux fleuris, s’ouvre donc une nouvelle plaie. Les
anciennes tranchées, les boyaux de liaison, tous les vestiges de ces terribles
affrontements, doivent faire place à un nouvel ennemi.
Avec la complicité de ceux qui ont cédé leurs terres à l’exploitant,
Avec l’aval des pouvoirs
publics,
Avec le misérable accord
d’une poignée de militants obnubilés par l’édification d’un monument,
Avec le soutien actif d’une
municipalité appâtée par le gain,
Ce projet privé est une
véritable insulte aux morts de la Grande Guerre.
Mais cette décharge n’est
pas que cela. Elle est aussi, et peut-être avant tout, une grave menace pour la
vie.
Que mangeront en effet nos
enfants demain, lorsque les meilleures terres nourricières auront disparu sous
des masses d’ordures ?
Quelle eau boiront-ils quand
les nappes phréatiques qui se trouvent sous nos pieds auront été définitivement
souillées ?
Quel environnement appauvri découvriront-ils
quand la riche biodiversité présente sur le site aura subi le même sort que les
vestiges de la guerre ?
La couleur jaune que nous portons aujourd’hui est le symbole de ces plantes menacées, mais aussi de tout l’équilibre de la vie qui est ici en péril.
Nous ne pouvons admettre que
de vulgaires intérêts financiers contribuent à détruire un lieu de mémoire et
une source de vie.
Et nous, nous n’oublions pas
la dette que nous avons envers ceux qui viendront après nous : « nous
n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants ».